Le naturaliste

cvt_le-naturaliste_7645_zpsxesuicjqAlissa York, Le naturaliste: de cet auteur, j’avais lu Effigie qui m’avait laissé une forte impression. Je n’avais pourtant pas suivi sa carrière et c’est le hasard d’une rencontre en librairie – de même que les commentaires passionnés de la libraire – qui m’ont poussé à acheter ce roman (et cette magnifique couverture évidemment !). Et l’histoire aussi, qui correspond tout à fait à ce que je recherche pour le moment même si cela ne se passe pas en Asie. 1867 – Walter Ash, naturaliste et spécialiste de l’Amazonie, vient de mourir. Sa femme, Iris, accompagnée de sa dame de compagnie Rachel, ainsi que du fils de Walter et de sa première femme, Paul, décident de retracer les pas de Walter en Amazonie. Ils débarquent à Bélem et sont de suite confrontés à un monde très différent. A partir de là commence une expédition sur le fleuve Amazone, à la recherche des animaux – reptiles et tortures – qui avaient passionné Walter. C’est aussi un retour au passé et la rencontre de la famille de Paul, sa mère était une indienne. Le récit alterne entre 1867 et le journal de Walter, écrit en 1844 mais ce n’est pas un récit d’hommes. Ce sont les femmes qui prennent la place principale; elles ne sont pas les pauvres apeurées qu’on aurait tendance à décrire à cette époque. Non, elle montrent une certaine force, s’adaptent au milieu hostile de la jungle et se découvrent en même temps, beaucoup plus libres qu’auparavant. Alissa York a un talent certain pour la description de la nature – la bibliographie montre qu’elle a fait de nombreuses recherches mais elle ne s’attarde que très peu sur la création d’un arc narratif et un récit dramatique. Pendant toute ma lecture, je me suis demandée ce qui allait se passer et finalement ce se qui se passe est très minimaliste, de l’ordre de micro-événements. Ceux-ci ont cependant toute leur importance dans le récit. Même si c’est une fiction, le roman s’approche bien plus d’un récit de voyage. Ce qui ne me pose aucun problème vu que j’adore ça !

Un peu de lecture

Je m’étais bien dit que je parlerais de chaque livre juste après l’avoir lu… et bien c’est raté ! J’en ai lu 5 depuis le dernier billet. Evidemment, ce ne seront plus mes premières impressions qui seront écrites ici mais plutôt quelques vagues souvenirs.

– Brian Evenson, La confrérie des mutilés: j’avais été séduite par Inversion, je me suis donc jetée sur le suivant… et j’en garde un souvenir un peu partagé. L’histoire est, pour moi, un peu trop bizarre mais passé ce problème, le livre est passionnant, très bien écrit et pousse l’horreur dans ses confins les plus lointains. Je ne raconterai pas l’histoire, mais il s’agit bien, comme dit le titre, d’une secte où la mutilation est extrêmement importante. A mettre en rapport avec Survivant de Chuck Palahniuk. Ames sensibles, s’abstenir. Je serais curieuse d’avoir l’avis de John et François qui m’ont fait découvrir cet auteur.

– Laura Kasischke, La couronne verte: le livre de l’année ! D’accord, j’ai un faible pour cet auteur mais elle arrive à chaque fois à me séduire avec ses histoires de la vie de tous les jours américaine… jusqu’au moment où tout bascule. Trois adolescentes partent passer leurs vacances pour la première fois sans parents dans un club de vacances au Mexique. Elles en reviendront transformées. Atmosphères troublantes, tropicales, où la mythologie se mêle à l’histoire et avec une prédominance de la couleur verte.

– Ian McEwan, Sur la plage de Chesil: une nuit de noces, dans les années soixante, pleine de non-dits, d’inhibitions. Très beau court roman qui m’avait été conseillé par mon papa. Je suppose qu’il s’est en partie retrouvé si non pas dans l’histoire, au moins dans l’époque. Pour plus d’impressions sur ce livre, je vous conseille ce billet de Krotchka.

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– Denis Johnson, Arbre de fumée: le pavé de la rentrée: presque 700 pages d’une écriture dense mais avec beaucoup de bavardages. Pas beaucoup d’histoire même si l’action se déroule sur toute la période de la guerre du Vietnam et ses conséquences. Malgré ça, c’est un livre qui retient l’attention par ses ambiances, son style, sa manière d’élaborer le récit. Mon avis est mitigé bien que la lecture m’ai laissé une certaine satisfaction.

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– Alissa York, Effigie: un autre livre de l’année ! Le résumé décrit l’histoire d’une famille de Mormons aux Etats-Unis vers 1870 et de taxidermie… mais il y a bien plus que ça. La famille Hammer n’est qu’un prétexte pour retracer toute l’histoire de l’Amérique du Nord mais aussi de l’Angleterre victorienne, de l’immigration, de la ruée vers l’or, des spectacles itinérants du genre freak show, du massacre de Mountain Meadows, des Indiens, de la religion, des sectes… et j’en passe. Le tout enveloppé dans une histoire passionnante.