Le verger de marbre

Alex Taylor, Le verger de marbre: au milieu de la nuit, Beam Sheetmire doit faire traverser la rivière Gasping (au Kentucky) à un client en manoeuvrant le bac familial. Mais ce client le cherche et Beam finit par l’assommer, le tuant par la même occasion. Appelant son père à la rescousse, ce dernier lui dit de fuir; il a en effet reconnu la victime, qui est le fils de Loat Duncan, homme d’affaires et malfrat local. Au fil des pages, on suit le jeune homme un peu perdu qui tente de survivre mais aussi les autres personnages, Loat, avide de vengeance, le père et la mère de Beam qui ont des secrets à révéler, ainsi que d’autres personnages locaux pas très reluisants.

C’est une histoire sombre et sans espoir, qui se déroule dans une zone rurale et arriérée. J’ai eu beaucoup de mal avec tous ces hommes qui ne pensent qu’avec leurs couilles, et avec les personnages féminins qui n’existent que pour se faire manipuler et violer. Alex Taylor écrit bien, et j’avais beaucoup aimé Le sang ne suffit pas, mais je n’ai pas vraiment accroché à ce livre (que j’ai lu en voyage – cela a peut-être joué en partie). Je me rends compte de plus en plus que pour j’aime un livre, il faut qu’il y ait des personnages de femmes fortes et intéressantes, pas juste des objets de décoration dont on peut faire ce qu’on veut. Et pour cela, les autrices sont souvent plus sensibles que les auteurs. Mais au moins ce livre m’a permis de vider ma PAL de romans de 2020 – c’était le dernier à lire (je l’avais gardé en me disant qu’il y avait peu de chances que je sois déçue…).

Alex Taylor, Le verger de marbre, Gallmeister, 2016, 288p. (traduction par Anatole Pons, première édition en 2015: The Marble Orchard)

Le sang ne suffit pas

Alex Taylor, Le sang ne suffit pas: 1748, au coeur de l’hiver, dans une Amérique encore partagée entre colons français et britanniques, et diverses tribus indiennes, Reathel et son chien, tous deux affamés, arrivent à une cabane. Il tue l’homme qui lui refuse l’entrée, puis trouve à l’intérieur une femme sur le point d’accoucher, Della. Ce qu’il ne sait pas, c’est que l’enfant a été promis comme tribut aux Shawnees de la région. Commence alors une longue marche dans la neige et le froid, avec divers protagonistes aux buts très différents.

Ce roman est qualifié de féroce, d’impitoyable, de sauvage; et en effet c’est le cas. Les hommes, et Della, doivent survivre dans des conditions déplorables, affamés, pourchassés par un ours sorti de sa tanière et par des chasseurs de prime, sans trop d’espoir de jours meilleurs. C’est une histoire extrêmement sombre et violente… et j’ai eu un certain mal à entrer dans le roman. J’avais encore en tête les images de In the distance de Hernan Diaz que je venais de lire, sur un thème relativement proche, et j’ai de loin préféré cette écriture plus poétique. Mais cela n’empêche pas que la fin du roman m’a scotchée, et que je l’ai lue d’une traite, la violence et l’horreur devenant insoutenables par moments. Je pense que mes attentes étaient un peu trop élevées, ce qui arrive parfois quand on parle beaucoup d’un livre. C’est malgré tout un très bon roman qui est fort apprécié parmi les lecteurs de la blogosphère: l’avis d’Electra, l’avis de Livr’escapades.