Sous les toits de Paris, René Clair (FR, 1930) – 2/5: à mi-chemin entre un film muet et un film parlant, vu que René Clair n’était pas trop tenté par le son. L’histoire met beaucoup de temps à se dérouler, certaines scènes sont très longues, et l’ennui pointe très vite (j’ai failli abandonner). On voit que c’est tourné en studio, mais les plans en travelling du début et de la fin sont impressionnants. Une histoire de femme libre (la très belle Pola Illéry) qui passe d’un homme à l’autre, et les jalousies entre ces hommes (dont l’un est un gangster).
Der blaue Engel, Josef von Sternberg (DE, 1930) – 3/5: ce film est donc considéré comme un chef d’oeuvre. Sauf que je me demande parfois s’il ne faudrait pas changer de critères. Alors, oui, Marlene Dietrich est pas mal dans son rôle de chanteuse de cabaret, mais sans être exceptionnelle. Par contre, Emil Jannings, apparemment la superstar allemande du moment, en fait bien trop. Et puis, il y a cette histoire qui met beaucoup trop de temps démarrer et qui n’est pas très crédible. Mais il est clair que Josef von Sternberg a du talent; j’ai cependant bien plus apprécié son film suivant, Morocco, moins brouillon, plus clair et défini dans l’image.
L’âge d’or, Luis Buñuel (FR, 1930): difficile de mettre une cote à ce film surréaliste. Je ne peux pas dire que j’ai accroché (surtout avec les scènes du début montrant des scorpions), même si je comprends l’importance de ce film pour l’histoire du cinéma. Je pense que ce sera un problème récurrent: j’ai beaucoup de mal avec le surréalisme et le grotesque.
The Dawn Patrol, Howard Hawks (1930) – 3/5: un autre film sur les aviateurs pendant la Première Guerre mondiale, dont la post-production a été accélérée pour qu’il sorte avant Hell’s Angels produit par Howard Hugues. Ce dernier avait poursuivi le studio pour plagiat mais perdra le procès. L’histoire est bien plus centrée sur les aviateurs, tout particulièrement Courtney joué par Richard Barthelmess et Scott jouée par Douglas Fairbanks Jr., et montre le côté sombre de la guerre. En effet, jour après jour, de jeunes pilotes non expérimentés sont envoyés vers leur mort. Howard Hawks avait lui-même été instructeur pendant la guerre et joue dans le film un pilote allemand (non crédité).
Shanghai Express, Josef von Sternberg (1932) – 5/5: mais pourquoi est-ce que j’ai attendu si longtemps pour voir ce film ? J’avais pourtant déjà lu un roman et un récit du scénariste, Harry Hervey et les ambiances « exotiques » ont tout pour me plaire. Mais en plus, la lumière et la photographie sont superbes et c’est un film très féministe: ce sont les deux femmes qui font avancer l’histoire dans le bon sens, alors que tout le monde les méprise à cause de leur statut de courtisane. Marlene Dietrich et Anna May Wong sont juste magnifiques.
Little Caesar, Mervyn LeRoy (1931) – 3/5: avec ce film, je passe à 1931 (Shanghai Express était un détour lié à une playlist pour le boulot). C’est un des premiers films de gangsters et il a contribué à la création des codes de ce genre (apparemment, j’aurais aussi dû regarder The Doorway to Hell d’Archie Mayo, datant de 1930, avec James Cagney). C’est donc un film très masculin, avec fusillades et poursuites en voiture. Mais il y a autre chose: Rico, joué par Edward G. Robinson (qui n’est pas le plus beau des acteurs et qui a une voix qui irrite un peu), est mené par l’amitié qu’il a pour son ancien acolyte, Joe (Douglas Fairbanks, Jr) qui a quitté le gang pour devenir danseur. Mick LaSalle (dans Dangerous men. Pre-Code Hollywood and the birth of the modern man) y voit une des premières relations homosexuelles montrées à l’écran. Si c’est le cas, c’est extrêmement subtil, mais sans doute que c’était nécessaire à l’époque.
The Public Enemy, William A. Wellman (1931) – 3/5: second film de gangsters de 1931, qui a été en compétition avec Little Caesar à l’époque pour attirer le public. Premier grand rôle de James Cagney, et très mauvais rôle de Jean Harlow. Le film est connu pour sa célèbre scène du pamplemousse (Cagney, excédé, écrase un demi-pamplemousse sur le visage de Mae Clarke au petit-déjeuner). J’ai aussi noté ce tailleur ouvertement homosexuel et un chat noir qui traverse la rue. Réalisation dynamique qui fait qu’on ne s’ennuie pas un moment.
(J’ai quelque part décidé que ces articles seraient composés de sept notices, on verra si je continue à ce rythme-là. Je me suis aussi demandée si je ne devrais pas plutôt mélanger les décennies, ce qui permettrait de publier certaines notices plus vite).