Hallie Rubenhold, The Five: the Untold Lives of the Women Killed by Jack the Ripper: Polly, Annie, Elizabeth, Catherine et Mary-Jane, cinq femmes ayant vécu au 19e siècle, cinq femmes assassinées par Jack the Ripper (qui était-il ? ce mystère ne sera sans doute jamais résolu). La presse de l’époque les a très vite estampillées comme prostituées, mais seule une l’avait été. Ce sont par contre des femmes déchues, dans le sens où la vie n’a pas a été tendre avec elles. Ni la société d’ailleurs: à l’époque, seule une femme mariée était considérée. Si elle perdait son mari, elle perdait ses revenus. Il y avait bien des petits boulots mais ils ne permettaient pas de survivre, encore moins si elle avait des enfants à charge. Ces femmes se sont retrouvées à la rue, vivant dans des conditions miséreuses, trouvant au jour le jour quelques sous pour une chambre ou allant dans une des « workhouses » où elles devaient travailler pour obtenir gîte et couvert. Elles ont été des victimes faciles pour un prédateur qui courait les rues la nuit.
Hallie Rubenhold a fait un formidable travail d’historienne, fouillant dans les archives pour retrouver les traces de ces femmes et analysant la presse de l’époque en tentant d’extraire la vérité des articles très sensationnalistes (ce qui n’est plus vraiment possible). Elle raconte aussi la vie à Londres et décrit la société de l’époque, avec d’un côté les riches qui vivent à part, et puis de l’autre, une masse de personnes sans qualifications, ou avec des métiers d’artisans en voie de disparition, ou encore vivant de boulots abrutissants à l’usine. Elle parle surtout des femmes, de leur condition impossible qui oppose les femmes vertueuses et respectées aux autres, à toutes les autres pour qui c’est inaccessible par manque de revenus ou de protecteur masculin. En lisant ce livre, on se rend mieux compte du travail qui a été réalisé depuis pour améliorer la condition des femmes. Le récit est passionnant, et met en avant les victimes, leur donnant du corps, leur attribuant un passé et une vie propre. D’ailleurs l’autrice ne parle pas du meurtrier.
Une idée piochée chez Electra et qui est restée un certain temps sur ma PAL.
Hallie Rubenhold, The Five: the Untold Lives of the Women Killed by Jack the Ripper, Houghton Mifflin Harcourt, 2019, 333p. (pas de traduction en français à ce jour, et c’est bien dommage).
Merci pour le livre !
De rien ! J’espère que ça te plaira !
Ah voilà une idée de lecture qui me plaît bien ! Je trouve ça intéressant que les projecteurs soient sur les victimes plutôt que du meurtrier dont de toute façon on ne sait pas grand-chose, et par ce biais, de plonger dans la société londonienne et de la condition des femmes au 19e siècle.
(ma phrase est bancale car je l’ai changée en cours de route, et publiée trop vite^^)
J’ai compris ce que tu voulais dire 😉
C’est en effet tout l’intérêt de ce livre, qui se concentre sur les victimes mais qui plus largement fait un portrait de société et qui permet de se rendre compte de tout ce que les lois sociales et le féminisme ont apporté de positif au 20e siècle.
Mais ça a l’air passionnant en effet. Vraiment dommage que ce ne soit pas traduit.
Je suis d’accord avec toi, il faudrait une traduction !