David Graeber & David Wengrow, Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité: on a beaucoup parlé de ce livre (qui est devenu un bestseller, je crois) et j’ai longtemps hésité à le lire, craignant un ouvrage trop philosophique. Mon ami-collègue m’a rassurée, et du coup nous l’avons lu plus ou moins en même temps, ce qui nous a permis de discuter de notre lecture. Les auteurs partent d’un constat: on a toujours raconté que les société ont connu une évolution linéaire, de primitive à développée, avec l’arrivée de l’agriculture et de la propriété privée, puis des villes – la civilisation. Or pour eux, ce récit est faux et c’est ce qu’ils s’attachent à démontrer au cours des nombreuses pages de ce pavé. Ils se basent sur les recherches actuelles (archéologie, génétique…) pour déconstruire cette idée d’évolution linéaire et décrivent de nombreux groupes du passé qui ont vécu autrement, nous emmenant de la préhistoire et des chasseurs-cueilleurs aux premières sociétés mésoaméricaines.
C’est passionnant, du début jusqu’à la fin. Il est clair que les deux auteurs ont une thèse au départ, thèse influencée par leurs conceptions (anarchistes pour Graeber) mais la manière dont ils déroulent leurs arguments ouvre une toute nouvelle voie de pensée. J’ai aimé lire sur la préhistoire et sur l’histoire, j’ai apprécié en apprendre bien plus sur le passé et sur les nouveautés dans la recherche (ou sur les recherches oubliées qui n’auraient peut-être pas dû l’être). Dans la seconde moitié, les auteurs abordent par moments le statut de la femme – on voit qu’ils ont survolé les recherches féministes – mais ils ne creusent pas le sujet, ce qui est bien dommage (c’est mon seul petit bémol dans ce livre mais le reste est tellement intéressant que ça ne diminue pas ma note finale). Ils avouent d’ailleurs dès le début que ce livre n’est qu’une infime partie de tout ce qu’ils voulaient partager et qu’ils auraient pu écrire de nombreux autres volumes. Ceux-ci ne paraîtront pas, David Graeber est décédé juste au moment de la sortie du livre. J’aurais vraiment aimé lire la suite de leurs théories. Du coup, j’ai envie d’en savoir plus sur la préhistoire (je crois que j’ai trouvé un livre intéressant à ce sujet) et sur l’histoire de l’Amérique avant l’arrivée de Christophe Colomb.
David Graeber & David Wengrow, Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité, Les Liens qui Libèrent, 2021, 744p. (excellente traduction de l’anglais par Elise Roy, The Dawn of Everything: A New History of Humanity)
Ca a l’air passionnant.. et vraiment, je crois que je vais craquer, même si j’ai déjà « Une brève histoire de l’humanité » qui m’attend sur ma pile depuis un moment… je comprends bien que la démarche est ici différente.
Je pense que la démarche est différente, et les auteurs critiquent pas mal Harari (c’est même drôle par moments !). Je n’ai pas lu Harari, mais en ayant lu celui-ci, je ne pense pas que je le ferai.
Je viens de terminer un court livre sur la préhistoire de l’Europe, et sur l’archéogénétique. J’en parlerai en temps voulu.
Et hop, noté dans ma liste puisqu’il est à la bibli! On commence à savoir que les chasseurs cueilleurs n’avaient pas tort de vivre ainsi.
Mais pas que les chasseurs-cueilleurs, justement, les auteurs expliquent qu’il y a d’autres manières de vivre, même si on est en communauté et qu’on cultive la terre.
A découvrir, alors!
en voyant la couverture, je pensais qu’il s’agissait d’un vieux livre, plus vieux que celui de Harari. Je n’en ai lu aucun mais il semble passionnant. Je note si je le croise à la BM
C’est vrai que la couverture pourrait être plus « moderne » 😉
Et c’est un livre passionnant !
Ah je crois que ça me plairait. J’aime bien ce genre de livre.
Alors, fonce ! en plus d’être intéressant, c’est plaisant à lire au niveau du style (pas académique du tout).
Tu me fais vraiment regretter de ne jamais réussir à finir un essai !
Tu peux en faire une première ! Je lis les essais assez lentement, tout dépend aussi du nombre de pages. Parfois, je passe six mois sur un livre ! Ici, j’ai mis deux mois, mais c’était une période où j’avais beaucoup de temps. Il m’arrive aussi de me dire: « aujourd’hui, je lis un chapitre, ou dix pages » (c’est ce que je dois faire pour celui que je lis maintenant, qui n’est pas hyper passionnant).
L’avantage de celui-ci quand même, c’est qu’il a un petit côté « page turner », les auteurs introduisant la suite de leur propos à la fin de chaque chapitre, rajoutant donc un peu de suspense.
[…] de sa traduction en néerlandais) et je me suis dit que ça pourrait compléter Au commencement était… J’avais tout à fait raison: Johannes Krause est archéogénéticien et travaille en […]