L’année passée, je terminais mon bilan en parlant du fait que 2020 était une nouvelle décennie et le début d’un nouveau cycle pour moi qui suis de l’année du rat. Et en effet, je vois 2020 comme la conclusion d’une série de choses et le début d’autres.
L’événement qui m’a le plus bouleversée est le décès de mon papa au mois d’août. La vie n’est plus la même sans lui et il me manque. A la mi-mars, je n’en pouvais plus de son état dépressif et des conversations hebdomadaires où on ne se disait pas grand-chose et où il répétait en boucle les mêmes plaintes. Je sais que j’ai été soulagée à l’annonce de la fermeture des maisons de repos aux visiteurs, me disant que je pourrais souffler deux ou trois semaines. Cela a finalement duré jusqu’à la mi-mai, deux mois complets où j’ai eu beaucoup de mal à le joindre au téléphone. J’étais angoissée le jour où je l’ai revu et pourtant ça s’est passé bien mieux que prévu. Il avait retrouvé de l’entrain et nos conversations ont été animées. Fin juin, je restais même une heure avec lui, ce qui n’arrivait jamais avant. Et puis les choses se sont enchaînées rapidement, un AVC, une hospitalisation, son décès quelques jours après son retour à la maison de repos. C’est toute une page de ma vie qui s’est refermée et cela reste difficile par moments.
Ma famille est venue à la rescousse pour organiser une belle cérémonie, dans une vieille église, et malgré les mesures gouvernementales, un cinquantaine de personnes a pu y assister. Par la suite, j’ai retrouvé mes cousins en petit comité au jardin. J’étais déjà proche (mais de loin quand même) avec ma cousine du côté maternel, et il y a eu un rapprochement avec mes cousins du côté paternel, tout en gardant malgré tout nos distances. Mais ils ont été là quand j’en avais vraiment besoin, et je sais qu’ils le seront encore.
A la veille du confinement, je disais à un de mes collègues que le télétravail n’était pas pour moi. Deux mois après, j’avais radicalement changé d’avis. J’ai aimé ce travail en solitaire, à la maison, avec vue sur le jardin, selon des horaires qui me conviennent. J’ai pris de nouvelles habitudes et j’ai enfin commencé à goûter tous ces thés achetés au Japon. J’ai eu beaucoup de mal quand j’ai dû retourner au bureau trois jours par semaine dès le mois de juillet (même si au final, je n’ai pas été très présente pendant l’été pour d’autres raisons). Malgré les circonstances, je me suis sentie bien plus à l’aise quand le télétravail a de nouveau été obligatoire fin octobre. Mes collègues me manquent, c’est clair, mais pas au point de les voir tous les jours. D’ailleurs nous restons en contact par les visioconférences hebdomadaires, et avec un en particulier, avec des mails quotidiens où nous parlons de boulot mais aussi de notre vie de tous les jours.
Je suis vraiment très heureuse de mon nouveau poste de rédactrice, et au fur et à mesure de l’année, j’ai pris confiance en moi. J’ai écrit sur des sujets très divers, soutenue par un chef qui sait très bien ce qui peut m’intéresser même si c’est nouveau pour moi et qui sait comment présenter les choses pour toucher la corde sensible de chacun. En septembre, nous avions commencé des critiques de films passant au cinéma et j’ai voulu faire un essai, doutant fortement que ça me plaise. J’ai adoré ! En décembre, mon chef m’a envoyé visiter une exposition pour en faire le compte-rendu et là aussi, cela a été un succès (j’ai même reçu des compliments de plusieurs personnes, ce qui fait chaud au coeur). Ce n’est pas toujours rose parce que je fais de temps en temps des crises d’angoisse quand il y a trop de deadlines mais je suis malgré tout très heureuse dans mon travail pour le moment.
Mes insomnies ont diminué en fréquence, mais quand j’en ai, elles sont maintenant associées à ces crises d’angoisses citées ci-dessus. Je ressors complètement épuisée de ces moments, qui s’associent également à de beaux maux de tête et des courbatures qui durent plusieurs jours. J’en cherche les raisons et je ne trouve pas vraiment: le travail, oui, mais j’ai eu une grosse crise de maux de tête et vertiges (sans angoisses et sans insomnies) pendant mes congés. J’ai parfois l’impression que chez moi un problème remplace un autre plus ancien.
Comme je l’écrivais récemment, j’ai apprivoisé ma solitude et je me sens bien comme ça. Je sais que je suis entourée même de loin. Mais cela n’a pas été évident au début de l’année avec la fin de deux amitiés de longues date. J’en ai profondément souffert, aussi par la manière dont la coupure s’est faite. Au printemps, j’ai eu la chance de pouvoir parler tous les jours ou presque avec ma voisine. Nous étions toutes les deux occupées à jardiner l’après-midi (après le travail en semaine). Et son mari m’a souvent aidée à réparer l’une ou l’autre chose. Avec l’automne, ces contacts se sont espacés mais on se voit quand même assez souvent. J’ai revu des amis, pas beaucoup, mais ça a fait du bien. Et ces cocktails partagés pendant le premier confinement étaient une excellente idée, créant un lien à distance.
Je suis tombée amoureuse d’un chat, Stanley dit Sushi. Ce beau persan s’était perdu et mes voisins l’ont recueilli pendant trois semaines, le temps qu’on retrouve les propriétaires. Il était extrêmement câlin, s’installant près de moi quand je lisais au jardin. Cela m’a donné quelque part envie d’en avoir un, mais je ne suis pas vraiment décidée. Je me laisse encore quelques mois de réflexion.
En janvier, je voulais réserver un mini-trip en Andalousie mais je n’arrivais pas à me décider. J’ai décidé de reporter à plus tard. Au moment de réserver un vendredi de février un voyage en Géorgie au mois de mai, j’ai eu la flemme. La semaine suivante, le virus déferlait sur l’Europe. Début juillet, je me disais que j’allais passer quelques jours à Bruges ou à Gand, et puis mon papa a été hospitalisé. Le temps que je m’en remette un peu, c’était le début du second confinement. Et puis, un samedi, un couple d’amis m’a proposé d’aller se balader dans la nature du Brabant Flamand. Cela a débloqué quelque chose: durant les mois de novembre et décembre, je me suis souvent promenée sur les chemins, avec eux ou en solo, en profitant pour ressortir mon appareil photo que j’avais abandonné depuis janvier (c’était lors des dernières leçons de mon atelier photo avec Happy Slow People à Charleroi). Il est certain que les voyages m’ont énormément manqués mais j’ai quelque part réussi à trouver une alternative intéressante proche de la maison. Mes chaussures de randonnée n’auront jamais autant servi !
J’ai beaucoup cuisiné, j’ai acheté trop de livres de cuisine, j’ai beaucoup lu, j’ai vu beaucoup de films, j’ai déterré un bambou à la pioche, j’ai récolté plein de tomates, j’ai cousu un peu, j’ai fait plein de puzzles, j’ai scanné des dias de mon papa, j’ai publié des photos de mes balades sur flickr…
Je me rends compte que j’ai déjà écrit tout un roman, et pourtant même si cette année était très différente par la force des choses, je me dois encore d’ajouter que j’en garderai des souvenirs très forts, tristes et heureux, et l’avenir dira si effectivement elle était le début d’un nouveau cycle. J’en ai très fort l’impression en tous cas. Je ne fais pas de résolutions pour 2021, ça fait plusieurs années que je n’en fais plus. Je continuerai à aborder les choses telles qu’elles se présentent, ça me réussit assez bien.
C’est bien ce bilan 2020, finalement tu en as tiré le meilleur possible. Que 2021 te soit aussi une année où tu as du positif (et pas de deuil)
c’est en effet ce que j’ai essayé de faire toute l’année. Merci pour ton message et une bonne année à toi aussi.
Je trouve que c’est un beau bilan, j’ai l’impression que tu as su tirer le meilleur parti de cette année difficile, et ce malgré le deuil qui colore tout, j’en ai bien conscience. Pour 2021 (et au-delà !), je te souhaite de garder et de développer cette espèce de sérénité que je sens poindre derrière tes mots.
Je t’embrasse ❤
merci ! j’ai en effet l’impression qu’il y a eu plus de positif que de négatif cette année, malgré tout ce qui s’est passé.