Depuis que mon papa avait vendu sa maison, je m’étais dit que je partirais à l’étranger trois fois par an, une fois loin pour deux ou trois semaines, et deux fois relativement près pour quelques jours. Je voulais aller en Andalousie début mars mais je reportais la réservation sans vraies raison, et puis il était trop tard (dans ma tête). Je me suis alors penchée vers un séjour d’une dizaine de jours en Géorgie et j’allais réserver fin février. Le vendredi, j’ai eu la flemme et j’ai reporté au lundi. Le lundi, j’ai préféré attendre la fin de la semaine. En fin de semaine, la pandémie avait pris trop d’ampleur pour encore risquer une réservation.
Je me suis dit que je pourrais peut-être partir en fin d’année; aujourd’hui, je n’ai plus aucune idée de quand je pourrai à nouveau partir en voyage. Cela me manque, c’est clair. Je n’ai pas de mari, pas d’enfants, ma vie est peu animée en général et ces voyages sont le seul moment de l’année où je vis totalement autre chose, où je suis complètement dépaysée et coupée de mon train-train quotidien. J’en ai besoin pour me changer les idées et nourrir mon esprit. Mais les circonstances actuelles les rendent impossibles… Et puis, j’ai malgré tout des doutes: est-ce que je serais partie malgré l’état de santé de mon papa ? L’AVC a laissé des séquelles, il n’arrive plus à s’exprimer, à part quelques mots, et je sens qu’il ne supporte pas son état actuel.
Je comptais donc prendre des vacances cet été pour profiter du beau temps; j’ai attendu tout le mois de juillet et je me suis finalement décidée la semaine passée. Je crois que j’ai bien choisi: à part en ce début de semaine, la météo risque d’être superbe les quinze prochains jours. Mais contrairement à mes voyages à l’étranger, j’ai beaucoup de mal à organiser quelque chose, et j’ai malgré tout certaines craintes qui me poussent à rester le plus possible chez moi, sans contacts avec trop de gens. Sans parler du port du masque obligatoire de plus en plus répandu – même si je le mets pour me protéger et protéger les autres, c’est chaud et inconfortable.
Je pourrais en effet profiter de ces deux semaines pour visiter la Belgique; l’idée m’avait d’ailleurs traversé l’esprit, j’ai ce vieux Guide Vert Michelin qui pourrait servir mais j’ai du mal à prendre l’initiative. J’aimerais marcher, mais j’ai du mal à me décider. Ce qui ne veut pas dire que je ne le ferai pas, j’ai noté quelques promenades relativement proches de la maison, et je pourrais aussi regonfler les pneus de mon vélo (je suis très tentée par des promenades autour de l’aéroport, notamment celle-ci). Bizarrement, autant voyager seule ne me dérange pas du tout – j’aime même beaucoup – autant j’ai du mal à sortir seule en Belgique (et il est clair que la bulle limitée à cinq personnes n’aide pas vraiment). Je n’ai pas cet incitant « je ne suis ici que pour quelques jours, je dois en profiter un maximum ».
Une chose est sûre: ma pile à livres risque de bien diminuer, et j’ai encore plein de plantes à déplacer et installer au jardin (à condition qu’il ne fasse pas trop chaud – c’est mauvais pour moi et pour les plantes). J’ai aussi une série de photos à trier, et si jamais il peut, je pourrais m’attaquer à ces récits de voyages plus anciens, scanner des photos ou des dias, ou encore parler des voyages de mon papa. Partir sans partir en fait.
Même après ces deux semaines de vacances, il m’en restera encore presque trois à prendre. Une semaine à Noël, c’est tout à fait envisageable, mais les deux autres ? Je me dis que je verrai bien en temps voulu, je ne vais pas m’inquiéter pour ça pour le moment.