Hella S. Haasse, Oeroeg (en français, Le lac noir): les Indes néerlandaises, quelque part dans les années 30. Un jeune garçon dont on n’apprendra jamais le nom raconte sa vie. Fils d’un planteur néerlandais fort occupé et d’une mère peu intéressée par lui, il décrit sa solitude heureusement comblée par l’amitié qu’il éprouve pour Oeroeg, un garçon né au même moment que lui parmi les serviteurs sundanais de la maison. Ils jouent ensemble, découvrent tous les recoins de la propriété, écoutent les histoires de monstres et fantômes locaux. Mais ils grandissent aussi, et le narrateur fera tout pour qu’Oeroeg puisse rester avec lui à l’école puis au collège malgré leur différence de race. Différence qu’il ne comprend pas vraiment, de même qu’il ne remarque que peu de choses du monde qui l’entoure, de sa mère qui trompe son père à la société qui change complètement. Malgré la naïveté du personnage principal qui pourrait un peu énerver le lecteur, ce court roman est un ode à l’amitié. Il est également une magnifique et nostalgique description de la colonie néerlandaise à l’aube de grandes mutations du milieu du 20e siècle mais surtout une description très imagée de la nature omniprésente, de la jungle, des montagnes. Le texte est dense, écrit dans un néerlandais (je l’ai lu en v.o.) qui m’a semblé moderne mais plus compliqué, plus précis que l’actuel. J’ai parfois dû m’y reprendre à deux fois pour certaines longues phrases tout en admirant la beauté de l’écriture.
Mon but premier était de lire Heren van de thee (Les Seigneurs du thé) mais mon côté pratique qui l’a emporté: le prix du roman tout seul était le même que la trilogie des « romans indiens ». Un peu rattrapée par le temps et désirant les lire dans l’ordre chronologique, mon choix s’est donc porté sur Oeroeg, qui est le premier roman écrit par l’auteur en 1948. Le titre en français apporte une toute autre vision des choses, faisant référence à un épisode important de l’histoire, un épisode qui marque un tournant dans le récit alors que le titre original est plus neutre, référant au cœur de l’intrigue sans rien dévoiler de plus.
Un roman lu dans le cadre de l’activité « Lire le monde » organisée par Sandrine. Et dans le cadre de mon challenge PAL vacances 2017, il complète la catégorie du titre ne contenant qu’un seul mot.
A lire les billets publiés aujourd’hui, il semblerait que Hella Haasse se renouvelait beaucoup et n’écrivait pas deux fois sur le même thème. Merci pour ta participation !
Oui, c’est ce que je constate aussi !
J’aime le challenge Lire le monde parce qu’il me sort de ma zone de confort (même si je choisis essentiellement des auteurs asiatiques ou des thèmes liés à l’Asie 😉 ). Donc merci aussi de l’organiser !
Cette auteure que je découvre semble décidément très intéressante 🙂
Je confirmerai quand j’aurai lu les autres romans du recueil 😉
Bon, je n’ai pas eu le temps de me pencher sur cet auteur (je cois en avoir lu un, sans souvenir particulier) Les romans et avis sont divers, alors, faut choisir!
Le choix est assez étendu – tu peux aussi te laisser guider par le nombre de pages pour un nouvel essai).
Tu es plus enthousiaste que moi… je tenterai peut-être de lire à nouveau cette auteure, car comme l’écrit Sandrine, il semble qu’elle ait produit des textes très différents.
C’est ce qui ressort des lectures communes. Disons que c’était déjà en partie gagné pour moi à cause du sujet des colonies qui me passionne.