Sous les draps

Quelque réflexions supplémentaires autour de Très intime de Solange.

J’ai l’impression que les femmes qui parlent dans le livre ne sont pas représentatives des femmes en général. Est-ce à cause de ma propre sexualité ? Je ne suis pas sûre. La plupart parlent de relations très fréquentes, journalières, voire même d’un rythme de deux à trois fois par jour. Physiquement, cela doit quand même être assez irritant, non ? Et où trouvent-elles le temps ? parce qu’avec un boulot à plein temps et les tâches ménagères (et je n’ose pas imaginer avec des enfants à charge), ainsi que la fatigue qui s’y ajoute, cela ne laisse pas tant de possibilités que ça. A moins de ne pas avoir de boulot évidemment, ou de ne quasi pas dormir.

Et puis, qui sont toutes ces femmes qui ont des relations multiples ? Toutes ces relations à trois, voire plus ? Toutes ces relations entre femmes ? La plupart des personnes interrogées sont jeunes, très jeunes et sont sans doute encore dans une phase d’exploration, mais encore… est-ce si courant ? Ou est-ce moi qui suis si peu au courant / trop vieille ?

Où sont les femmes qui ont une relation stable, avec une même personne ? Où est l’amour romantique ? Où sont les femmes qui baisent peu ? Où sont les femmes qui n’ont plus envie ? Comment se passe leur vie de couple ? Ces thèmes sont très peu abordés dans le livre, parfois juste par le biais d’une baisse de libido. Qu’en est-il de ces relations que les femmes font un peu par nécessité, de peur de perdre leur amoureux, en se forçant souvent. Est-ce un type de viol à l’intérieur du couple ? Comment se passe la vie de celles qui ont tout simplement arrêté d’avoir du sexe avec une autre personne, parce qu’elles n’ont plus envie ? Parce qu’elles trouvent que c’est une perte de temps ? Parce que ce n’est pas/plus possible physiquement ? Comment se faire plaisir sans pénétration ?

La sexualité est un vaste sujet mais difficile à aborder, souvent tabou, dont on parle à voix basse, dont on ne parle pas avec des connaissances. Même avec les meilleures amies, le sujet est peu abordé, cela reste souvent de l’ordre du privé. Je me souviens d’une conversation en particulier mais pas de beaucoup d’autres. Quant à en parler avec des amis masculins… j’ai dit certaines choses à un ami, un peu pour voir sa réaction. Cela n’a pas été beaucoup plus loin qu’un peu de gêne et le passage à un autre sujet de conversation.

Ce billet pose beaucoup de questions – je m’en rends bien compte. Disons qu’il pose plutôt le cadre d’une discussion qui pourrait avoir lieu, en fonction des envies de chacun de se dévoiler – ou pas.

(à suivre, probablement, en fonction de vos réactions, publiques ou privées – vous pouvez m’envoyer un mail à misssunalee at gmail point com si vous préférez ou inventer un nouveau pseudo)

6 réponses sur « Sous les draps »

  1. Zéphine dit :

    Ayant quelques années de moins que toi, je suis peut-être plus dans la tranche d’âge des témoignage du livre de Solange (que je n’ai pas lu, je précise).
    Ma génération (les jeunes trentenaires) a sans doute un rapport à la sexualité très décomplexés (la faute à une sexualisation omniprésente dans la société, et à l’accès ultra-facilité à toutes sortes de contenus sexuels dans les médias? je n’en sais rien, et je n’ai pas envie de faire un analyse de comptoire sur ce sujet), et il me semble qu’il n’y a plus cette réputation de « salope » qui colle à celles qui couchent le premier soir, ou qui cumulent plusieurs partenaires, et globalement j’observe une certaine tolérance vis à vis de la vie sexuelle des autres.

    Mais je n’ai pas non plus l’impression que ce que tu listes dans ton article soit la « norme » (et par là, j’entends la définition statistique du terme, c’est à dire « ce qui correspond à la majorité de la population », ce n’est un rien un jugement de valeur de ce qui est bien ou déviant). Bien sûr, certain(e)s de mes amis et moi même avons expérimenté: trios, relations homosexuelles, « kinky sex », etc. Et ça me semble sain de se chercher, d’expérimenter, de tester sans préjugés.

    Malgré ça, dans mon entourage pourtant très colorés et comprenant toutes les lettres de l’alphabet (origines géographiques, culturelles et religieuses hyper variée; orientations LGTBQIS; avec une diplômée Master en Sociologie du sexe, et un ancien escort boy bisexuel qui avait monté son petit business pour payer ses études,…), les couples stables ont une vie sexuelle assez « plan-plan », avec des relations plutôt classiques, une à deux fois par semaine. Comme tu le dis si bien, un quotidien de vie active implique souvent une fatigue physique et mentale qui tend à étouffer le désire. Et aucun de nous n’a d’enfant!

    De ma propore expérience, je sais qu’au début d’une relation, quand c’est « tout beau, tout nouveau », mes relations sexuelles sont beaucoup plus fréquentes que lorsque le train-train s’installe. Avec mon exe, au bout de neuf ans de vie commune, on en était à un point où on couchait rarement (je dirais tout les mois, mois et demi), mais où l’affection au quotidien était beaucoup plus développée.
    Sans doute que Solange a concidéré que cette sexualité là était trop « boring » pour en faire un livre?

    Quand à aborder le sujet avec des amis, même si mon entourage est très ouvert sur là dessus, je constate qu’il y a 3 types de conversations:
    – les conversations sur « le sexe au quotidien », qui n’en sont pas vraiment. Ce sont plutôt des allusions glissées dans les dialogues de tous les jours, des demi-mots qui laissent deviner la réalité, ou des mini-conversation où on ne fait qu’effleurer le sujet.
    – les conversation « de cul », potaches et graveleuses, qui se déroulent généralement en commités restreints de potes, souvent lorsque l’un d’entre nous charrie quelqu’un dans une nouvelle relation. Ce sont généralement des conversations où l’on évoque des histoires anciennes, rarement de la relation actuelle.
    – les « vraies conversations », en tête à tête avec quelqu’un qui n’est pas directemnt impliqué. C’est rare, ça demande beaucoup de confiance envers la personne à qui on se confie, mais c’est souvent enrichissant, non pas par ce qu’il apporte, mais par l’analyse de ce qu’on / que l’autre accepte de dévoiler. Bizarrement, je constate que je n’ai jamais eu de vraie conversation sur le sexe avec des amiEs, je me sens plus à l’aise de parler de ça avec mes amis les plus proches (quíls soient hétéro ou homo d’ailleurs). Et j’ai remarqué aussi que ces conversation ne sont pas plannifiées, elle arrivent un peu par hasard au détour d’un autre sujet, et on se retrouve à dévoiler à l’autre des détails qu’on imaginait pas forcement raconter (un peu ce que je fais en ce moment d’ailleurs).

    Quand a parler de sexualité avec le partenaire, c’est sans doute là où j’ai le plus de mal, surtout lorsque le train-train et la lassitude se sont installé dans le couple. Depuis un peu plus d’un an que je suis « célibataire » (pas de relation stable mais avec quelques « plans cul » -appelons une chatte « une chatte »!-), j’ai pu constater que les choses se passe beaucoup mieux au lit quand on ose parler. Simplement dire « J’ai envie de ça » ou « je n’aime pas ça » change complêtement la donne.

    Mais depuis un mois je fréquente un « plus si jeune » homme, et j’ai vraiment envie de donne une chance à cette relation. Pourtant, et c’est assez paradoxale, je n’arrive pas à lui parler de sexe. Sans doute parce que ça implique plus que lorsque j’aborde le sujet avec les mecs avec qui je « m’amuse » (puisqu’il est clairement établi entre nous qu’il n’y a pas d’enjeux dans nos relations?)
    Toujours est-il que nos relations sexuelles sont fréquentes (chaque fois qu’on se voit) et agréables, mais pas non plus transcendantales. En fait, j’ai l’impression que notre vie sexuelle est celle d’un « vieux couple » »: ça varie entre 2, 3 positions bien sagement sous les draps, puis on se blotti l’un contre l’autre et on s’endort. C’est agréable, d’un certaine manière rassurant et réconfortant, mais pas très excitant et sans surprises. Bizarrement, alors que c’est justement la personne avec qui je devrais aborder le sujet et proposer un peu plus de fantaisie, j’ai peur de sa réaction et de son jugement, et ça me bloque.

    Bien sur, le sexe n’est pas absolument nécessaire pour la stabilité d’un couple, et certains sont très heureux sans / avec peu de relations. Mais pour ma part, c’est une composante importante d’une bonne relation (avec bien d’autres choses évidement: des intérêts commun, des avis semblables sur les sujets importants mais malgré tout quelques divergences d’opinion qui mènent à des discussions intéressantes, de l’humour et de l’attention pour l’autre, etc) et il me faut un peu de folie pour ne pas m’ennuyer.

    Vaste sujet effectivement qu’est le sexe, et ce n’est pas souvent que quelqu’un ose l’aborder comme tu le fais.J’espère que d’autre lect-rices/eurs oseront braver le tabou. Je suis curieuse de lire leur avis sur ce sujet…

    (Pfiou! Je me rends compte que je me suis pas mal épanchée sur le sujet, et que mon commentaire est bien long! Ton blog est plus efficace qu’un séance chez le psy pour me faire parler de moi)

  2. Ness dit :

    Je trouve en fait que ton post répond largement à la question …je me dis de plus en plus, pour en écouter plein, que la sexualité des femmes, c’est toute la variété de situations que tu questionnes, et qui se retrouve rarement représentée au même endroit, dans un livre, une émission, etc… qui soit exploite une sujet/une tendance qui ne sera jamais représentative, soit essayé de trouver le fin mot à cette histoire de sexualité féminine et nie toutes les réalités de vie des femmes …
    c’est pour ça que j’adore les activités que je suis amenée à faire pour le boulot : des femmes de tout âges toutes origines qui parlent entre elles de sexualité, même si c’est pour dire que la sexualité, elles s’en foutent ou n’aiment pas ça, tout à coup, on est direct dans la variété et la complexité de la chose. Et qu’est ce qu’on rit!
    Je t’envoie un petit quelque chose par la poste : un hors série d’un magazine qui a essayé de refléter tout ça. Il ne répond pas non plus à LA question de la sexualité féminine, mais c’est toujours bon à prendre 😉

    1. Ton boulot doit être très intéressant ! Je pourrais participer à une de ces conversations ? ou c’est pour un public ciblé à l’avance ?
      Merci pour l’envoi, j’espère que le facteur me l’aura apporté tout à l’heure.

  3. Très intéressant questionnement. J’ai cette sensation qu’en voulant bousculer les « normes » ont en a créé de nouvelles: aujourd’hui, la sexualité DOIT être sans tabou, sans pudeur, pour tous et toutes. La sexualité est avant tout une affaire intime, elle est aussi variée qu’il y a d’individus – et de rencontres entre individus. Les jugements de valeurs (autant « quelle putain! » ou « quelle prude! ») ne devrait pas avoir leur place.

    1. Etre sans tabou, mais aussi être très performante, j’ai l’impression… On parle surtout des gens qui ont une sexualité très active. Et il reste beaucoup de jugements de valeur malheureusement.

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